Veuillez noter que les liens vers tous les Essais Freedom en anglais sont inclus à la fin de cet essai. Actuellement, seuls les Essais Freedom 1 à 4 et 14 ont été traduits en français, et d’autres seront bientôt disponibles. —Vous pouvez ouvrir n’importe quel essai pour le lire, l’imprimer, le télécharger, le partager ou l’écouter (sous forme de podcast, actuellement uniquement en anglais).
Voici l’Essai Freedom 4
“L’instinct contre l’intellect” est l’explication évidente et réelle de la condition humaine, comme tous ces grands penseurs le démontrent
(ceci est une version abrégée de l’Essai Freedom 53)
Par Jeremy Griffith, 2018
Dans cette présentation, Jeremy Griffith souligne qu’il n’est pas la première personne à avoir identifié les éléments instinct vs intellect impliqués dans la production de la condition humaine. Comme il le révèle, il y a eu de nombreux penseurs tout au long de l’histoire—en fait beaucoup de grands penseurs reconnus de l’histoire—qui ont reconnu que la réponse à notre condition humaine colérique, égocentrique et aliénée résidait dans la compréhension qu’un affrontement devait avoir eu lieu entre nos instincts déjà établis et notre esprit conscient plus récent.
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La Transcription de cette vidéo
Rebonjour.
Premièrement, ce que je vais maintenant présenter est essentiellement un bref résumé d’une description plus longue que je donne dans l’Essai Freedom 53 de la raison pour laquelle l’explication instincts vs intellect de la condition humaine (que je viens de décrire dans la vidéo/essai précédent) est l’explication évidente et réelle de cette condition. (Veuillez noter que les sources de citation non fournies dans cette présentation peuvent être trouvées dans l’Essai Freedom 53.)
PARTIE 1 Penseurs des temps anciens qui ont reconnu le conflit entre nos instincts moraux et notre esprit conscient, et les preuves fournies par les bonobos de la façon dont nous avons acquis nos instincts moraux
Je ne suis pas la première personne à identifier les éléments d’instinct vs intellect impliqués dans la production de la condition humaine. Comme je le décris dans les chapitres 2:6 et 2:7 de mon livre FREEDOM: The End Of The Human Condition, il y a eu de nombreux penseurs à travers l’histoire—en fait beaucoup de grands penseurs reconnus de l’histoire—qui ont reconnu que la réponse à notre condition humaine colérique, égocentrique et aliénée résidait dans la compréhension qu’un conflit devait s’être produit entre nos instincts déjà établis et notre esprit conscient plus récemment émergé.
L’effet “double coup-dur” d’avoir des instincts moraux
Avant de présenter le travail de certains de ces penseurs, je tiens à souligner que tout ce qui est nécessaire pour produire un état psychologiquement bouleversé chez une espèce est qu’elle devienne pleinement consciente, car cette capacité d’auto-ajustement devra naturellement défier les instincts dictatoriaux non-compréhensifs, intolérants. Peu importe l’orientation particulière des instincts de l’espèce, le fait que les instincts ne soient pas compréhensifs signifie qu’un affrontement contrariant avec l’esprit conscient basé sur la compréhension et autorégulateur doit se produire. Indépendamment de l’orientation instinctive d’une espèce, si elle développe un esprit pleinement conscient, une bataille contrariante doit avoir lieu entre ces instincts et l’esprit conscient.
Mais surtout, cela ne signifie pas que l’orientation particulière des instincts d’une espèce ne peut pas avoir un impact sur le conflit avec son esprit conscient. Cela peut l’affecter considérablement, comme cela a été le cas lorsque nous, les humains, sommes devenus pleinement conscients. Comme indiqué dans la deuxième vidéo/essai de cette série, nous, les humains, avons des instincts moraux coopératifs, désintéressés et aimants, dont la voix ou l’expression nous appelons notre conscience [note du traducteur : dans la langue française le mot “conscience” désigne à la fois la conscience morale (“avoir bonne conscience”, notre notion intrinsèque du Bien et du Mal) et l’objet de la pensée consciente (“avoir conscience de”, désignant l’action de l’esprit conscient). Il convient donc de distinguer ces notions en “conscience morale” et “esprit conscient”]. Charles Darwin a reconnu notre nature morale distincte lorsqu’il a écrit que « le sens moral offre peut-être la meilleure et la plus haute distinction entre l’homme et les animaux inférieurs ». Ce qui est si important chez des humains ayant des instincts moraux coopératifs, désintéressés et aimants, c’est que lorsque nous sommes devenus pleinement conscients, que nous avons commencé à expérimenter avec la compréhension, et avons été critiqués par nos instincts et avons inévitablement répondu de manière colérique, égocentrique et aliénée, la critique de nos instincts fût encore plus grande parce qu’ils s’attendaient à ce que nous nous comportions de manière coopérative, désintéressée et aimante. Dans notre recherche nécessaire de compréhension, nous avons d’abord été injustement condamnés pour avoir défié nos instincts, puis de nouveau pour avoir réagi à cette condamnation d’une manière contraire et offensante à nos instincts. Nous avons dû endurer un “double coup-dur” de critique lorsque nous sommes devenus conscients ! (Cet effet de “double coup-dur” lié à nos instincts moraux spécifiques est décrit dans l’Essai Freedom 24 et en profondeur dans le chapitre 3:5 de FREEDOM.)
Et comme je vais l’expliquer plus en détails sous peu, le terrible “double coup-dur” de douleur infligé à notre esprit conscient pour avoir offensé les instincts moraux spécifiques de notre espèce est la raison principale de la frustration et de la colère sous-jacentes dans notre comportement, ainsi que de l’immense culpabilité et insécurité qui a nécessité que nous adoptions l’excuse manifestement malhonnête des “instincts sauvages” que j’ai décrite dans la Vidéo/Essai Freedom 2.
Penseurs des temps anciens qui ont reconnu le conflit instincts moraux vs intellect conscient comme la source de la condition humaine
Après avoir expliqué que le conflit entre les instincts et l’intellect a été grandement aggravé dans le cas de notre espèce par nos instincts moraux coopératifs, désintéressés et aimants, je veux maintenant présenter la reconnaissance de ce conflit par certains des plus grands penseurs des temps anciens (plus tard je mentionnerai des penseurs similaires de l’époque contemporaine).
J’ai déjà mentionné dans ma précédente présentation l’histoire d’Adam et Eve, vieille de 3500 ans, par le grand prophète hébreu Moïse, qui décrit Adam et Eve comme vivant dans l’état d’innocence originelle du jardin d’Eden (la définition du dictionnaire pour le mot “ édénique ” est « la première maison d’Adam et Eve… un état d’innocence, de félicité ou de bonheur ultime » (The Free Dictionary)), et comment ils ont ensuite pris le fruit de l’arbre de la connaissance, ce qui signifie évidemment qu’ils sont devenus conscients, moment auquel ils sont devenus les victimes d’un comportement de division ou de “péché”. C’est donc une reconnaissance du fait que nous avons autrefois vécu en coopération et avec amour, puis que nous sommes devenus conscients et que nous avons apparemment perdu la partie en devenant des pécheurs “méchants”, coupables, compétitifs et agressifs méritant d’être “bannis” du jardin d’Eden.
Bien sûr, ce qui manque dans le récit de Moïse, c’est l’explication rédemptrice critique de POURQUOI la recherche de connaissances nous a rendus colériques, égocentriques et aliénés, ce que, comme je l’ai souligné dans ma présentation précédente, la science a depuis rendu possible avec sa découverte de la différence de fonctionnement entre les gènes et les nerfs—à savoir que si les gènes peuvent donner des orientations aux espèces, les nerfs doivent comprendre les relations de cause à effet. Tous les éléments impliqués dans la production de la condition humaine des instincts moraux en désaccords avec l’esprit conscient sont présents dans l’histoire d’Adam et Eve de Moïse.
Des reconnaissances similaires de l’existence du passé coopératif et aimant de notre espèce, qui s’est corrompue lorsque nous sommes devenus conscients, peuvent être trouvées dans d’autres religions. Par exemple, le Bouddhisme Zen parle de la perte d’un état pur et non contaminé à la suite de l’intervention de l’esprit conscient, faisant référence à « la contamination de l’affect (klesha) » ou « l’interférence de l’esprit conscient prédominé par l’intellection (vijñāna) ». Et les écritures Taoïstes présentent une description de nos lointains ancêtres comme étant « les Hommes de la Vertu Parfaite ». En effet, comme l’écrivain américain Richard Heinberg le souligne dans son livre Memories & Visions of Paradise, chaque culture humaine a un mythe impliquant à la fois l’émergence de l’esprit conscient et une “chute” d’un “Âge d’Or” originel de solidarité et de paix. Comme Heinberg l’a résumé dans la deuxième édition (1990) de son livre, « Toute religion commence par la reconnaissance que la conscience humaine a été séparée de la Source divine, qu’un ancien sens d’unité… a été perdu… partout dans la religion et le mythe il y a une reconnaissance que nous nous sommes écartés d’une … innocence originelle et que nous ne pouvons y revenir que par la résolution d’une profonde discorde intérieure … la cause de la Chute est décrite de diverses manières comme la désobéissance, comme la consommation d’un fruit défendu [de l’arbre de la connaissance], et en tant qu’amnésie spirituelle [l’oubli, le blocage, l’aliénation/psychose] ». Encore une fois, cette « résolution d’une profonde discorde intérieure » entre notre état « séparé » d’« innocence originelle » et notre esprit « conscient » dépendait de la science pour fournir une compréhension du fonctionnement des gènes et des nerfs.
Plus tard dans l’Essai Freedom 53, qui, comme je l’ai mentionné, est une présentation plus longue et plus complète de ce que j’explique dans cet exposé, j’inclus les descriptions de Heinberg de nombre de ces mythes culturels et enseignements religieux qui reconnaissent les éléments des “instincts naïfs, innocents, coopératifs et aimants contre l’intellect conscient auto-ajusté nouvellement développé” de la condition humaine—des Sumériens aux Babyloniens, aux Perses, aux Hébreux, aux Égyptiens, aux Africains, aux Hindous, aux Américains, aux Chinois, aux Romains et aux Grecs. À titre d’exemple, dans le cas des Grecs de l’Antiquité, Heinberg cite le très grand poète grec Hésiode qui, environ 800 ans av. J.-C., écrivit ceci à propos du temps préconscient de notre espèce (j’insiste sur le texte souligné) : « Quand les dieux et les mortels sont nés / Une race d’or, les immortels sur terre se sont formés…Comme des dieux ils vivaient, avec un esprit calme et serein/ Libres des peines et de l’angoisse de notre espèce / La vieillesse misérable sur eux ne pesait pas…Etrangers à la maladie, leur vie en festins coulait à flots…Mourant, ils sombraient dans le sommeil, et ne semblaient pas mourir / Tous les biens étaient à eux ; le sol fécond produisait de lui-même une abondante et généreuse récolte ; le travail leur était inconnu / Ils avaient des bien abondants au milieu de terres tranquilles / Tous spontanément partageaient la cueillette de leurs mains. » Alors oui, ils n’avaient pas un esprit conscient troublé, et ils vivaient une vie de partage et de douceur.
Hésiode a également raconté comment cet “Âge d’Or” a pris fin, racontant comment Prométhée a volé le feu—qui, comme je vais l’expliquer sous peu, représente l’esprit conscient—de ses frères dieux et l’a donné aux humains pour leur usage, un acte qui a rendu furieux les Dieux, et Jupiter en particulier, qui a riposté « lorsqu’il vit parmi les hommes la lueur prolongée de la flamme, et … leur suscita soudain une grande infortune ». Jupiter a puni Prométhée en le faisant attacher au sommet d’une montagne où, chaque jour à perpétuité, « il envoya contre lui un aigle aux ailes étendues qui rongeait son foie immortel ». Et il puni l’humanité en créant la tristement célèbre femme Pandore, qui ouvrit un grand « vase » contenant une multitude de « maux terribles » de sorte que « mille calamités entourent les hommes de toutes parts : la terre est remplie de maux, la mer en est remplie, les maladies se plaisent à tourmenter les mortels nuit et jour ». La punition de Jupiter pour le vol de feu de Prométhée a mis fin à “l’Âge d’Or” ; où « Auparavant, les tribus des hommes vivaient sur la terre, exemptes des tristes souffrances, du pénible travail et de ces cruelles maladies … [il est apparu une situation où] mille calamités entourent les hommes de toutes parts … les maladies se plaisent à tourmenter les mortels nuit et jour et leur apportent en silence toutes les douleurs ». Hésiode raconte alors ses cinq âges d’hommes—à partir de “l’Âge d’Or” de l’innocence est venu “l’Âge d’Argent” où il y avait encore une certaine innocence, puis “l’Âge d’Airain” où les hommes étaient durs et guerriers, puis “l’Âge des Héros”, et enfin son propre âge, le complètement corrompu “Âge de Fer”, où la « misère » s’est aggravée au point où Hésiode crie : « Plût aux dieux que je ne vécusse pas au milieu de la cinquième génération ! Que ne suis-je mort avant ! Que ne puis-je naître après ! C’est l’âge de fer qui règne maintenant. Les hommes ne cesseront ni de travailler et de souffrir pendant le jour ni de se corrompre pendant la nuit ». À la lumière de ce qui a été révélé, nous pouvons maintenant comprendre que dans cette histoire le feu est la métaphore de l’intellect conscient (comme dans de nombreuses mythologies; en effet, “Prométhée” signifie littéralement “prévoyance”), et que les conséquences de la prise de conscience par les humains étaient des « maux terribles », des « calamités » et « douleurs », ce qui explique pourquoi Prométhée a été puni par les Dieux—à leurs yeux, son don de la conscience aux humains était responsable de « corrompre » la race humaine, de notre rupture avec les idéaux Divins.
Ainsi, les éléments d’une orientation instinctive morale originelle qui sont ensuite entrés en conflit avec un esprit conscient étaient présents dans ces mythes de la Grèce antique, mais bien sûr, comme à l’époque de Moïse, la connaissance scientifique permettant de justifier de la bonne raison expliquant POURQUOI le conflit s’est produit n’existait pas.
Platon, comme Hésiode, est un autre très grand penseur de la Grèce antique. En effet, Alfred North (A.N.) Whitehead, lui-même l’un des philosophes les plus réputés du vingtième siècle, a décrit l’histoire de la philosophie comme étant simplement « une série de notes de bas de page à Platon ». Puisque la philosophie est l’étude des « vérités sous-jacentes à toute réalité » (Macquarie Dictionary, 3e éd., 1998), et que Platon était le champion de cette étude des vérités sous-jacentes à toute réalité, nous pouvons nous attendre à ce que Platon reconnaisse également les éléments des instincts moraux vs l’intellect conscients de la condition humaine, et il l’a certainement fait. En 360 avant JC, il a donné cette description exceptionnellement honnête du temps préconscient de notre espèce dans un état d’innocence: « [il fut un temps où l’on…] contemplaient le plus beau spectacle, [et l’on était] initiés à des mystères qu’il est permis d’appeler les plus saints de tous, et que nous célébrions véritablement quand, jouissant encore de toutes nos perfections et ignorant les maux de l’avenir, nous admirions ces beaux objets parfait, simples, pleins de béatitude et de calme, qui se déroulaient à nos yeux au sein de la plus pur lumière, non moins purs nous-même, et libre encore de ce tombeau qu’on appelle le corps, et que nous trainons avec nous comme l’huitre traine la prison qui l’enveloppe ». Platon a également donné cette autre description honnête de “l’Âge d’Or” innocent du passé de notre espèce, en écrivant d’une époque où nous vivions une « vie béni et spontanée… et qu’il n’y avait ni violence, ni dévoration de l’autre, et qu’il n’y avait ni guerre ni querelle… En ce temps-là, Dieu lui-même était leur berger, et les gouvernait [en d’autres termes, notre moi instinctif originel était orienté à suivre des idéaux coopératifs et d’amour] » et « Sous sa gouverne, il n’y avait ni Etats ni possession de femmes et d’enfants ; car c’est du sein de la terre que tous remontaient à la vie, sans garder aucun souvenir de leur passé [nous vivions dans un état préconscient]. Et…ils avaient à profusion des fruits que leur donnaient les arbres et autres plantes, fruits qui poussaient sans culture et que la terre produisait d’elle-même. Ils vivaient la plupart du temps en plein air sans habit et sans lit ; car les saisons étaient si bien tempérées qu’ils n’en souffraient aucune incommodité et ils trouvaient des lits moelleux dans l’épais gazon qui sortait de la terre. »
Pour décrire l’émergence de la conscience et la corruption de nos instincts moraux aimants, Platon a utilisé une analogie de char à deux chevaux dans laquelle l’esprit conscient « bondit et saute avec violence, [et] donne toutes les peines à son compagnon d’attelage [nos instincts moraux coopératifs et aimants]… [En commettant] des actes indignes et affreux [qui défient nos instincts moraux] ». Et ailleurs, Platon a également décrit comment, après l’émergence de la conscience, les humains « durent se conduire par eux-mêmes et prendre soin d’eux-mêmes », après quoi « le pilote de l’univers, lâchant la barre du gouvernail, se retira [lorsque l’état corrompu de la condition humaine a émergé] » ; une situation dans laquelle il a dit : « pendant chaque période qui suit immédiatement cet abandon, il administre encore tout pour le mieux [notre intellect s’est en grande partie reporté à nos instincts] ; mais à mesure que le temps s’écoule et que l’oubli survient [de plus en plus de déni malhonnête avec la séparation aliénante de notre moi moral instinctif parce qu’il nous critiquait de plus en plus] … et, à la fin, il se développe à tel point que, ne mêlant plus que peu de bien à beaucoup de mal, il en arrive à se mettre en danger de périr lui-même et tout ce qui est en lui ». Et c’est la situation à laquelle nous sommes arrivés aujourd’hui où la contrariété des humains est maintenant si grande que NOUS FAISONS face au « danger de périr [nous]-même » et notre monde !
De toute évidence, vivant à une époque où la science devait encore être développée, Platon, comme Moïse et Hésiode, était également incapable de fournir la bonne raison POURQUOI nous avons quitté notre état “d’innocence”, à savoir que les instincts-peuvent-orienter-mais-seuls-les nerfs-peuvent-comprendre, et sommes apparemment, comme il l’a décrit, devenus « indignes », de mauvaises personnes.
Les bonobos attestent de notre héritage affectif, coopératif et aimant
Comme c’est probablement une question très urgente dans l’esprit de l’auditeur/lecteur, je vais maintenant expliquer brièvement comment nos lointains ancêtres singes sont arrivés à vivre dans un état instinctif coopératif et aimant. En effet, cette question de savoir comment nous, les humains, avons acquis notre moi ou notre âme instinctive morale a été l’une des grandes questions biologiques en suspens. Et la raison pour laquelle cela a été une question si importante pour nous, les biologistes, c’est parce que nous savons que les gènes ne peuvent normalement pas sélectionner des traits inconditionnellement auto-sacrificateurs et pleinement coopératifs simplement parce que ces traits ont tendance à s’auto-éliminer et ne peuvent donc normalement pas s’établir dans une espèce—“Bien entendu, vous pouvez être altruiste envers moi et sacrifier vos gènes pour moi, mais je ne suis pas prêt à faire la même chose et de sacrifier mes gènes pour vous.” Le processus de sélection naturelle dicte que l’opportunisme égoïste exploitera toujours l’altruisme. Alors, comment un processus aussi égoïste aurait-il pu créer un tel altruisme aimant en nous ? Comme il est expliqué dans l’Essai Freedom 21, la façon dont cela a été réalisé chez nos ancêtres était par les soins maternels.
Pour expliquer ce qui est si important avec les soins administrés par une mère à sa progéniture, je dois d’abord souligner que l’instinct maternel d’une mère de prendre soin de sa progéniture est égoïste car elle assure la reproduction de ses gènes en s’occupant de sa progéniture qui porte ses gènes. Le maternalisme est donc un trait égoïste qui, comme je viens de le dire, doit normalement l’être pour se reproduire et de se perpétuer dans la génération suivante. CEPENDANT, et c’est très important, du point de vue du nourrisson, le maternalisme a l’apparence d’être désintéressé. Du point de vue du nourrisson, il est traité de manière inconditionnellement altruiste—la mère donne à sa progéniture nourriture, chaleur, abri, soutien et protection pour rien en retour. Il s’ensuit donc que si l’enfant peut rester en bas âge pendant une période prolongée et être traité avec beaucoup d’amour apparemment inconditionnel, il sera endoctriné avec cet amour désintéressé et grandira en se comportant en conséquence. Comme expliqué plus en détail dans l’Essai Freedom 21, le maternalisme égoïste peut entraîner un enfant à la coopération altruiste.
Et si nous pensons aux primates, étant semi-debout du fait de vivre dans les arbres, et ayant ainsi les bras libres pour tenir un bébé à charge, il est clair qu’ils sont particulièrement facilités pour soutenir et prolonger la relation mère-enfant, et ainsi développer ce comportement aimant et coopératif. Et en fait, la variété bonobo de chimpanzés, qui vit au sud du fleuve Congo en Afrique, est extraordinairement matriarcale, ou focalisée sur le rôle féminin, et consacre énormément d’attention aux nourrissons, comme l’illustrent les photos suivantes, et par conséquent les bonobos sont les plus coopératifs et les plus aimants de tous les primates, comme le révèlent les citations qui suivent. Et les bonobos sont aussi nos plus proches parents vivants, partageant 98,7% de notre ADN. Nous pouvons donc voir que les bonobos fournissent la preuve parfaite de la façon dont nos lointains ancêtres singes sont devenus coopératifs et aimants.
Citations illustrant la nature extraordinairement aimante des bonobos.
« Les bonobos adultes démontrent une grande compassion les uns envers les autres…Par exemple, Kitty, l’aînée des femelles, est complètement aveugle et malentendant. Parfois, elle est perdue et confuse. Ils la prendront par la main et l’emmèneront simplement là où elle doit aller »
« La vie des bonobos est centrée sur la progéniture. Contrairement à ce qui se passe chez les chimpanzés, tous les membres du groupe social des bonobos aident aux soins des enfants et partagent la nourriture avec eux. Si vous êtes un bébé bonobo, vous ne pouvez pas faire de mal…Les femelles bonobo et leurs bébés forment le noyau du groupe »
« Ce sont sûrement les animaux les plus fascinants de la planète. Ce sont les animaux les plus proches de l’homme… Une fois, j’ai été frappé sur la tête par une branche sur laquelle était suspendu un bonobo. Je me suis assis et le bonobo a remarqué que j’étais dans une situation difficile et il est venu me prendre par la main et a déplacé mes cheveux en arrière, comme ils le font. Alors ils vivent de compassion, et c’est vraiment intéressant à vivre »
« L’amour des bonobos est comme un rayon laser. Ils s’arrêtent. Ils vous regardent comme s’ils avaient attendu toute leur vie que vous marchiez dans leur jungle. Et puis ils vous aiment avec un tel abandon dévoué que vous les aimez en retour. Vous devez les aier en retour »
L’image suivante d’un groupe de bonobos se reposant dans une clairière herbeuse équivaut parfaitement à la description que Platon a donnée plus tôt de ce qu’était la vie des humains à “l’Âge d’Or” de l’union attentionnée : « Ils vivaient la plupart du temps en plein air sans habit et sans lit ; car les saisons étaient si bien tempérées qu’ils n’en souffraient aucune incommodité et ils trouvaient des lits moelleux dans l’épais gazon qui sortait de la terre. » Il est clair que nous avons une mémoire instinctive parfaite (si nous ne choisissons pas de la nier) de ce à quoi ressemblait la vie avant “la chute” parce que Platon ne connaissait pas l’existence des bonobos et savait pourtant exactement à quoi ressemblait notre vie semblable-à-celle-des-bonobos avant “la chute”.
Votre prochaine question pourrait bien être : “Mais pourquoi n’ai-je pas entendu parler de cette explication raisonnablement évidente de la nature morale des humains ?” Eh bien, tout comme la vérité évidente que notre espèce vivait autrefois en coopération et avec amour, cette vérité que nous avons acquis nos instincts moraux grâce aux soins portés aux nourrissons a été une vérité insupportable alors que nous ne pouvions pas expliquer pourquoi nous, les humains, sommes devenus si compétitifs et agressifs et par conséquent avons perdu la capacité à prendre adéquatement soin de notre progéniture avec un altruisme ou amour inconditionnel. La vérité du passé coopératif Édénique, innocent et aimant de notre espèce, et la vérité que l’affection maternelle est ce qui nous a rendu humains, ont été toutes deux des vérités impossibles à accepter alors que nous ne pouvions pas véritablement expliquer la condition humaine, expliquer pourquoi notre espèce a été corrompue et a perdu la capacité à affectionner pleinement sa progéniture. Comme il a été observé, « les parents préfèrent admettre qu’ils sont des meurtriers à la hache plutôt qu’une mauvaise mère ou un mauvais père » !
Encore une fois, l’Essay F. 21 décrit comment l’affection maternelle nous a donné nos instincts moraux—ainsi que le scientifique qui a osé l’admettre.
PARTIE 2 La source de la colère volcanique chez les humains et pourquoi nous avons dû utiliser la fausse excuse des “instincts sauvages”
Je veux maintenant interrompre cette présentation des penseurs qui ont reconnu les éléments de l’instinct vs l’intellect de la condition humaine pour premièrement parler davantage de l’effet du “double coup-dur” d’avoir offensé nos instincts moraux, et deuxièmement de pourquoi nous n’avions pas d’autre choix que d’employer la fausse excuse des “instincts sauvages”.
D’où est venu la colère volcanique chez les humains
Ce que je veux ajouter à ce que j’ai dit à propos du “double coup-dur” que nous, les humains conscients, avons dû endurer (d’être condamnés pour avoir défié nos instincts, puis à nouveau pour avoir répondu à cette condamnation d’une manière colérique, égocentrique et aliénée qui a d’avantage offensé nos instincts moraux spécifiques) sont les conséquences de n’avoir jamais accepté que nous méritions toute cette condamnation. En fait, ce qui nous a permis de continuer tout au long des 2 millions d’années (qui est la période probable où nous, les humains, avons été pleinement conscients) que nous avons dû vivre avec cette terrible condamnation, c’est que nous avons toujours cru intuitivement qu’il devait y avoir une raison pour notre condition corrompue et qu’un jour nous trouverions cette explication rédemptrice et psychologiquement soulageant—que, comme je le soutiens, nous avons enfin trouvé.
Si nous pensons à l’ampleur de l’injustice de cette situation où, pendant environ 2 millions d’années, nous avons été condamnés comme des monstres maléfiques, destructeurs-de-l’innocence, annihilateur-du-Jardin d’Eden, par le monde entier alors que tout ce temps nous ne pensions pas l’être, mais ne pouvions pas expliquer pourquoi, nous pouvons voir d’où vient toute la frustration volcanique et la colère démoniaque en nous, les humains.
Imaginez vivre un seul jour avec l’injustice d’être condamné comme mauvais, malfaisant et indigne alors que vous sauriez intuitivement, mais seriez incapable d’expliquer, que vous êtes en fait tout le contraire, à savoir vraiment merveilleux, bon et significatif—en fait, comme il s’avère, les héros de toute l’histoire de la vie sur Terre ! À quel point seriez-vous tourmenté—à quel point contrarié—à la fin de cette journée ? Vous seriez blessé jusqu’au cœur et furieux ! Alors extrapolez cette expérience sur 2 millions d’années et vous pourrez commencer à apprécier la frustration et la colère volcaniques qui doivent maintenant exister en nous, humains ! Alors que nous avons appris à retenir et à dissimuler de manière significative—à “civiliser”—la quantité phénoménale de contrariété en nous, sous la surface, notre espèce doit bouillir de rage, et parfois, lorsque notre retenue ne peut plus trouver un moyen de la contenir, la colère doit s’exprimer—d’où notre capacité à commettre des actes choquants de cruauté, de sadisme, de haine, de meurtre et de guerre. Et il n’est pas étonnant que nous ayons mené une existence si évasive, pratiquant le déni, menteuse, évitant-la-vérité-de-notre-état-corrompu-à-tout-prix, de fuite, superficielle et artificielle, avare, étouffons-nous-de-gloire-matérielle-alors-que-nous-manquions-la-gloire-spirituelle-de-la-compréhension-compationnée-de-nous-mêmes, recherchant le pouvoir, la renommée, la fortune et la gloire.
Nous sommes véritablement des créatures en détresse psychologique—mais maintenant, nous pouvons enfin nous expliquer et mettre fin à la psychose. Le mot « psychiatrie » signifie littéralement « guérison de l’âme » (dérivé de psyché signifiant « âme » et iatreia qui signifie « guérison »—voir les paragraphes 63 et 72 de FREEDOM), mais jamais auparavant nous n’avons été en mesure de “guérir notre âme”, d’expliquer à notre moi instinctif originel ou âme que notre moi pensant pleinement conscient est bon et pas mauvais et, ce faisant, réconcilie et guérir notre moi divisé. Le psychanalyste Carl Jung n’a jamais cessé de dire que « l’intégrité pour les humains dépend de la capacité de posséder notre propre ombre »—eh bien maintenant, nous pouvons enfin nous aimer. Tout le monde peut rentrer du froid maintenant. Un soulagement exonérant profond jusqu’aux os soulage enfin la race humaine !
Pourquoi nous devions utiliser la fausse excuse des “instincts sauvages”
Non seulement l’injustice de notre situation a provoqué en nous une frustration et une colère volcaniques, mais la honte astronomique, la culpabilité et l’insécurité de paraître comme des créatures viles, perverses et destructrices d’innocence ont également nécessité que nous trouvions une excuse pour notre condition corrompue pendant que nous cherchions la vraie raison—et c’est là que l’excuse manifestement fausse des “instincts sauvages” est venue à notre secours.
Pour apprécier pleinement l’agonie de notre condition humaine, nous devons continuer à nous plonger dans l’horreur totale de notre situation. Si notre espèce vivait autrefois dans un état pacifique merveilleusement coopératif, désintéressé et aimant, comme l’ont reconnu les grands penseurs que je viens de mentionner, alors quelle honte extrême devons-nous ressentir pour notre condition corrompue ? La question qui réclame une réponse est la suivante : “Pourquoi diable aurions-nous été si stupides d’avoir quitté une existence aussi merveilleuse ? Comment expliquer la soi-disant “chute de grâce” de notre espèce ; pourquoi nous sommes-nous écartés de notre mode de vie instinctif originel Edénique de nos instincts moraux et sommes-nous devenus des fous brutalement agressifs, des concurrents égoïstes psychotiques et des névrotiques belliqueux ? Pourquoi avons-nous détruit le paradis, transformé l’utopie en dystopie !?” Cela a été notre terrible situation : comment diable pouvions-nous expliquer et justifier cet acte apparent de folie. Même si nous pensions intuitivement que ce n’était pas vrai, notre comportement semblait impliquer irréfutablement que nous sommes d’horribles monstres ?!
De toute évidence, essayer de vivre avec l’implication que nous sommes des monstres méchants et indignes a été insupportable, ce qui signifie qu’il était absolument impératif que nous trouvions une excuse procurant un peu de soulagement et justifiant notre état corrompu en attendant que l’explication réelle soit trouvée—et, comme je l’ai dit, c’est là que l’excuse des “instincts sauvages” est venue à notre secours.
De toute évidence, aussi faux cela soit-il, nous pourrions appliquer un peu d’auto-duperie mentale pour nous persuader que, “Regardez, les animaux sont en compétition et se battent tout le temps, donc c’est aussi notre héritage animal” ! Fondamentalement, oublions simplement le fait que nous avons des instincts moraux aimants et embrassons avec détermination l’excuse des “instincts sauvages” ! Sans surprise vraiment, étant donné l’agonie de notre pénible situation, quand nous, les humains, sommes acculés psychologiquement, toute excuse fera l’affaire, nous devons juste en trouver une—et c’est ce que nous avons fait avec l’excuse des “instincts sauvages”.
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Encore une fois, comme je l’ai dit dans la deuxième vidéo/essai de cette série, cette excuse selon laquelle nous avons des instincts sauvages animaux motivés par le besoin de reproduire nos gènes comme les autres animaux est l’excuse que pratiquement tout le monde a utilisée pour notre comportement compétitif, égoïste et agressif affligé par la condition humaine. Nos conversations sont saturées de cette justification de notre comportement fondée sur les “instincts sauvages”, avec des commentaires tels que : “Nous sommes programmés par nos gènes pour essayer de dominer les autres et être un gagnant dans la bataille de la vie” ; et “Notre préoccupation pour la conquête sexuelle est due à notre instinct primitif de semer nos graines” ; et “Les hommes se comportent de manière abominable parce que leur corps est inondé de testostérone pour reproduire leurs gènes” ; et “Nous voulons une grande maison parce que nous sommes intrinsèquement territoriaux” ; et “Les combats et la guerre ne sont que notre nature animale qui s’exprime” ; et “Les religions ne sont que des manifestations de notre mentalité de groupe axée sur la survie”. Et puis il y a le commentaire le plus courant de tous, que “C’est juste la nature humaine d’être égoïste”. Nous nous sommes leurrés en disant que d’autres animaux sont constamment en compétition et se battent les uns avec les autres dans le but d’assurer la reproduction de leurs gènes, et donc que c’est aussi ce que nos ancêtres ont fait, et c’est donc de là que vient notre comportement brutal de compétition et d’agressivité, que nous—“nous” étant notre moi conscient—devions passer toute notre vie à essayer de contrôler.
Mais encore une fois, comme je l’ai souligné, la théorie des “instincts sauvages” n’est tout simplement pas vraie, c’est juste une excuse commode que nous avons trouvée. Premièrement, nous les humains, n’avons pas d’instincts sauvages de compétition, égoïstes et agressifs comme les autres animaux, nous avons des instincts moraux coopératifs, désintéressés et aimants, qui s’expriment à travers ce que nous appelons notre conscience ; souvenez-vous des paroles de Darwin : « Le sens moral offre peut-être la meilleure et la plus haute distinction entre l’homme et les animaux inférieurs. » Et deuxièmement, les mots utilisés pour décrire le comportement humain tels qu’égocentrique, arrogant, inspiré, déprimé, trompé, pessimiste, optimiste, haineux, cynique, méchant, immoral, brillant, culpabilisé, malfaisant, psychotique ou névrosé, reconnaissent tous l’implication de l’esprit pensant pleinement conscient de NOTRE espèce. Ils démontrent qu’il y a une dimension psychologique à notre comportement ; que nous ne souffrons pas d’une “condition animale” liée à l’opportunisme génétique, mais d’une CONDITION HUMAINE psychologiquement troublée.
De plus, si nous avons des instincts moraux coopératifs, désintéressés et aimants (ce que nous avons, comme Darwin l’a dit), et non des instincts compétitifs, égoïstes et agressifs comme les autres animaux, alors ces instincts coopératifs et aimants doivent provenir d’une époque où nos ancêtres—vraisemblablement nos lointains ancêtres singes—vivaient de manière coopérative, désintéressée et aimante. Et en fait, nos ancêtres singes ont vécu de manière coopérative, désintéressée et aimante, et, comme cela a été maintenant expliqué, c’est en affectionnant leurs enfants, comme le font les bonobos, qu’ils ont réussi à atteindre ce merveilleux mode de vie doux, partageur, coopératif et pacifique que Moïse, Hésiode et Platon, et beaucoup d’autres grands penseurs d’autrefois, ont reconnu.
Mais comme je l’ai souligné, l’immense problème que nous avons eu avec cette vérité selon laquelle nos ancêtres étaient coopératifs, désintéressés et aimants, c’est qu’elle a condamné de manière absolument insupportable notre condition de corruption actuelle, ce qui signifie que nous devions simplement trouver un moyen de la nier, et c’est donc là que l’excuse des “instincts sauvages” est venue à notre secours. Nous devons mesurer à quel point notre situation a été diabolique. Ce n’est que lorsque la science a révélé la différence entre les orientations instinctives et les compréhensions conscientes que nous, les humains, avons finalement été en mesure d’expliquer la vraie raison de notre comportement compétitif et agressif. Jusqu’à ce que nous découvrions les nerfs et les gènes et leur fonctionnement, chaque fois que nous pensions sincèrement à notre condition humaine “corrompue” ou “déchue”, destructrice de notre innocence, assassine du jardin d’Eden, la seule conclusion à laquelle nous pouvions arriver était que nous devions être d’horribles monstres. Sans la science nous offrant la capacité d’expliquer les nerfs et les gènes, nous étions complètement bloqués et dans l’incapacité de nous expliquer honnêtement.
Et comme la science n’a découvert l’existence des gènes et des nerfs et leur fonctionnement qu’au cours des 160 dernières années environ (depuis que Darwin ait publié sa théorie de la sélection naturelle), c’est une quantité stupéfiante de temps que nous les humains pleinement conscients avons eu à vivre sans la capacité à nous expliquer honnêtement—environ 2 millions d’années en fait.
Alors maintenant, nous pouvons voir à quel point il a été important de nier que nos ancêtres vivaient en coopération et avec amour et au lieu de ça se leurrer à croire qu’ils étaient des brutes sauvages essayant de reproduire leurs gènes comme les autres animaux—parce que sans ce déni et cette excuse, nous n’aurions tout simplement pas pu nous en sortir et vivre avec nous-même pendant tout ce temps ! Et nous pouvons aussi voir maintenant quel soulagement absolument incroyable c’est d’avoir la vraie raison de notre condition corrompue et de ne plus avoir à continuer la mascarade de croire en une fausse excuse ! Et il n’y a pas seulement le soulagement de ne plus avoir à mentir bêtement, cette véritable compréhension que nous avons maintenant de la condition humaine permet à chaque être humain de ne plus avoir à vivre une existence égocentrique, agressive, défensive et de vengeresse. Nous pouvons être transformés pour vivre sans condition humaine, ce qui est un changement fabuleux que Tony Gowing décrit dans la prochaine vidéo/essai (5), et je le décrirai plus en détail dans l’Essai Freedom 15. Donc, il n’y a vraiment aucune comparaison entre la vie que nous avons eue jusqu’à présent et ce qu’il nous est maintenant offert !!!
PARTIE 3 Des penseurs contemporains qui ont reconnu les éléments de base de l’instinct vs l’intellect impliqués dans la production de la condition humaine
Le point principal de ce qui vient d’être expliqué est que jusqu’à ce que la science révèle la différence dans le fonctionnement des gènes et des nerfs et, ce faisant, nous permette d’expliquer véritablement pourquoi nous, les humains, sommes devenus compétitifs, agressifs et égoïstes (ce que, encore une fois, je suggère être l’explication présentée dans la vidéo/essai précédente), nous n’avions pas d’autre choix que d’utiliser l’excuse malhonnête des “instincts sauvages” pour notre comportement de division. Cela soulève la question de, puisque ces compréhensions du fonctionnement des gènes et des nerfs sont connues depuis environ 160 ans, pourquoi l’explication instinct vs intellect que j’ai donnée pour la condition humaine n’a-t-elle pas été trouvée auparavant—et pourquoi la science n’est-t-elle pas accouru pour reconnaître cette découverte ? La raison pour laquelle cela n’a pas été trouvé est que presque tous les scientifiques, comme pratiquement tous les autres humains, se sont profondément engagés à éviter le problème insupportable de la condition humaine (la terrifiante question de savoir pourquoi nous sommes si corrompus et aux âmes détruites) et sont habitués à utiliser l’excuse des “instincts sauvages” pour se défendre. J’ai dû penser indépendamment de la pensée scientifique dominante pour réfléchir suffisamment honnêtement à la condition humaine pour la résoudre. Et, pour ce qui est de faire accepter cette compréhension par l’établissement scientifique, la science a toujours mis du temps à passer à un nouveau paradigme de pensée, surtout lorsque le nouveau paradigme est plus véridique—une difficulté que le dramaturge George Bernard Shaw a reconnue lorsqu’il a dit que « Toutes les grandes vérités commencent comme des blasphèmes. » Vous pouvez en apprendre beaucoup plus sur le déni de la condition humaine par la science et sur sa perpétuation extrêmement dangereuse de l’excuse des instincts sauvages dans la Vidéo/Essai Freedom 14, et au chapitre 2 de FREEDOM. En effet, la Vidéo/Essai Freedom 14 donne une description très puissante de toute la malhonnêteté dans la science, et où cette malhonnêteté nous a conduit—ce qui est tout droit vers l’extinction !
Cela nous amène donc au point principal de cette présentation, qui est que vous saurez que l’explication de la condition humaine que j’ai avancée est la véritable explication car si nous pensons sincèrement à la condition humaine—au lieu de vivre malhonnêtement dans le déni de celle-ci comme pratiquement tout le monde, y compris les scientifiques, l’ont fait—alors il devient évident que l’explication de l’instinct contre l’intellect est l’explication tout à fait évidente et pleinement responsable et donc vraie de notre comportement de division. Et cette évidence est abondamment appuyée par les nombreux grands penseurs à travers l’histoire qui ont reconnu ces éléments de l’instinct contre l’intellect, tels que ceux que j’ai déjà mentionnés de l’histoire ancienne, et ceux que je suis sur le point de mentionner de l’époque contemporaine. Comme vous le verrez, bien qu’aucun de ces penseurs n’ait réussi à expliquer pleinement la condition humaine—dans certains cas parce qu’à leur époque la science n’avait pas encore révélé la nature des gènes et des systèmes nerveux—tous ont reconnu les ingrédients clés impliqués dans cette explication honnête et véridique de notre esprit conscient en contradiction avec nos instincts.
Cependant, bien que tous ces penseurs ont reconnu les ingrédients fondamentaux de l’instinct contre l’intellect impliqués dans la production de l’état psychologiquement contrarié de la condition humaine, vous remarquerez que parmi les penseurs contemporains que je suis sur le point de mentionner, il y a une variation dans l’honnêteté de chacun sur le fait que ces instincts en nous soient coopératifs, désintéressés et aimants, et pas compétitifs, égoïstes et agressifs. Tous les penseurs contemporains n’ont pas été capables de reconnaître la vérité de notre passé coopératif et aimant parce que plus la race humaine est devenue colérique, égocentrique et aliénée, plus confronter la vérité de notre passé d’innocence est devenue insupportable. Il s’ensuit que dans les temps anciens, lorsque l’état contrarié, égocentrique et aliéné de la condition humaine n’était pas aussi développé qu’il l’est maintenant, il y aurait une reconnaissance plus véridique de l’héritage coopératif, désintéressé et aimant de notre espèce et de sa corruption lorsque nous sommes devenus conscients—ce que démontrent les exemples des temps anciens.
Même ainsi, alors que tous les penseurs des temps anciens les moins contrariés, les plus innocents et les plus naïfs inclus ici étaient tous capables de reconnaître notre héritage coopératif, désintéressé et aimant, il y avait déjà, même à cette époque, beaucoup de gens qui voulaient le nier, et nous le savons parce que Platon nous raconte ce déni dans les temps anciens : « le souvenir nous a été transmis par nos premiers ancêtres [de « la race née de la terre »], qui, nés au commencement de notre cycle [période plus bouleversée], touchaient immédiatement au temps où finit le cycle précédent [de cet âge innocent antérieur]. Ce sont eux qui furent pour nous les hérauts de ces traditions [sous la forme de « race » existante de personnes relativement innocentes, telles que celles qui existent encore aujourd’hui comme les Bushmen du Kalahari et les Aborigènes Australiens] que beaucoup de gens ont aujourd’hui le tort de révoquer en doute ». Bien sûr, étant membres des humains modernes, les Homo sapiens sapiens, les Bushmen et les Aborigènes seront toujours plein de contrariété par rapport à nos lointains ancêtres originels, totalement innocents, semblables aux bonobos—ils ne sont que relativement innocents par rapport à la plupart des races d’aujourd’hui. (voir par. 860 de FREEDOM)
Ainsi, même s’il y a dans notre ère moderne encore plus de déni du passé innocent de notre espèce qu’à l’époque de Platon quand il a déploré que « beaucoup de gens ont aujourd’hui le tort de révoquer en doute » notre passé innocent, comme vous le verrez à la suite dans la collection de penseurs contemporains qui ont reconnu les éléments de base de l’instinct contre l’intellect impliqués dans la production de la condition humaine, il y en a encore qui ont véritablement reconnu les deux éléments de base et que nos instincts étaient coopératifs et aimants.
(Encore une fois, la source de toutes ces citations dans cette présentation peut être trouvée dans l’Essai Freedom 53, la version plus longue de cette présentation, où sont rapportés beaucoup plus de reconnaissances de la corruption de notre état initial d’innocence par notre esprit conscient.)
En identifiant le rôle de l’instinct et de l’intellect dans la production de la condition humaine, le naturaliste sud-africain Eugène Marais était sur la bonne voie quand, entre 1916 et 1937, il écrivit que « La grande frontière entre les deux types de mentalité est la ligne qui sépare les mammifères non-primates des primates et singes. D’un côté de cette ligne, le comportement est dominé par la mémoire héréditaire, et de l’autre par la mémoire causale individuelle… L’histoire phylétique [développement évolutif] de l’âme primate peut être clairement retracée dans l’évolution mentale de l’enfant humain. Le primate le plus élevé, l’homme, est né un animal instinctif. Tout son comportement pendant une longue période après la naissance est dominé par la mentalité instinctive … il n’a pas de mémoire, pas de conception de cause à effet, pas de conscience … Alors que la nouvelle âme, l’âme de la mémoire individuelle émerge lentement, l’âme instinctive devient comme lentement submergé… Pendant un certain temps, c’est presque comme s’il y avait une lutte entre les deux. » Marais a également reconnu que « l’instinct… est incapable de s’écarter d’une certaine manière fixe de se comporter… Cette mémoire héritée est à tous égards un terrible tyran. » Il s’est en outre rendu compte que « la soi-disant “âme subliminale” de l’homme—la mentalité “subconsciente”—n’est autre que cette vieille mentalité “animale” [instinctive] qui a été mise hors d’action par la nouvelle mentalité [consciente]. »
Nous pouvons reconnaître une grande partie de l’analogie d’Adam la Cigogne que j’utilise pour expliquer la condition humaine dans la Vidéo/Essai Freedom 3 dans la description de Marais—l’émergence de l’esprit conscient et, au fur et à mesure que la conscience émerge, la « lutte » contre les instincts inflexibles, « tyran[niques] » qui éclate. Marais a non seulement reconnu les éléments des instincts et de l’intellect conscient impliqués dans la condition humaine, il a aussi réfléchi à la manière dont les deux éléments interagissaient. Avait-il poursuivi et développé sa constatation de la « lutte » émergeant entre « l’âme instinctive » ou « mémoire héréditaire » inflexible, « tyran[nique] » et la nouvelle « mémoire » « consciente » capable de comprendre la « conception de cause à effet », cette « mémoire causale individuelle », il aurait pu se rendre compte, comme moi, que la bonne raison pour laquelle l’intellect conscient devait défier les instincts tyranniques était parce que l’esprit conscient devait rechercher la compréhension de la relation de « cause à effet », et ainsi que c’était cette « lutte » culpabilisante particulière qui a provoqué la nature humaine corrompue, compétitive, agressive et égoïste.
Voilà donc une analyse incroyablement honnête et donc pénétrante de l’origine de notre condition humaine corrompue !
L’Essai Freedom 51 se consacre à expliquer la signification du travail de Sir Laurens van der Post, en particulier ses nombreux écrits sur le peuple Bushmen relativement innocent du désert du Kalahari en Afrique du Sud. Ce qui est pertinent ici, c’est que Sir Laurens, que je considère comme le philosophe prééminent du vingtième siècle et qui, comme Marais, était d’Afrique du Sud, avait une capacité honnête et sans déni à reconnaître l’implication de nos instincts moraux et de notre intellect corrupteur dans la production de l’état contrarié de la condition humaine. Comme nous pouvons le voir dans ce passage écrit par Sir Laurens en 1984, il a courageusement reconnu qu’« avant l’aube de la conscience individuelle », les humains vivaient dans un état d’« unité »—un état qu’il nous dit vouloir tant retrouver qu’il a été « comme un mal du pays insoutenable à la base du cœur humain ». Il a écrit : « Cette vie stridente, friable et présomptueuse d’aujourd’hui est par comparaison un cimetière où les vivants sont morts et les morts sont vivants et parlent [à travers notre âme] dans la voix calme, petite et claire d’un amour et d’une confiance en la vie que nous avons pour le moment perdu… [il fut un temps où] Tous sur terre et dans l’univers étaient encore membres et affilié à la race primitive en quête de réconfort et de chaleur à travers la longue et froide nuit avant l’aube de la conscience individuelle dans une unité qui ronge encore comme un mal du pays insoutenable à la base du cœur humain. » Dans une référence encore plus explicite, Sir Laurens a également reconnu la « guerre » réelle qui existe entre notre moi instinctif innocent originel et notre nouvel intellect conscient, en écrivant « Je vous ai parlé plus tôt de cet enfant noir de la nature, cet autre homme primitif en chacun de nous avec lequel nous sommes en guerre dans notre esprit. »
Nous pouvons voir que si Sir Laurens a été capable de reconnaître clairement la « guerre » entre notre « enfant… de la nature » instinctif, originel, innocent, pur en son âme et notre nouvelle « conscience individuelle » ou « esprit » conscient, il n’a pas fourni la bonne raison biologique POURQUOI la « guerre » s’est produite, permettant de nous réconcilier et de nous racheter.
Je dois noter ici qu’en reconnaissant l’innocence relative du peuple Bushmen du Kalahari, Sir Laurens s’est rebellé avec défiance contre la pratique du déni de la vérité que nous les humains avons autrefois vécu dans un état innocent sans contrariété avant l’émergence de la condition humaine. (Ce défi et la persécution de Sir Laurens qui en résulta sont décrits dans l’Essai Freedom 51.) Par exemple, il écrivit en 1961 qu’« il y avait en effet un premier enfant de vie cruellement renié et négligé, un Bushman en chacun de nous. » Il a même décrit l’harmonie et la sensibilité relativement intactes de l’état le plus innocent du Bushman, écrivant en 1958 que « Lui [le Bushman] et ses besoins étaient attachés à la nature de l’Afrique et au mouvement de ses larges saisons autant que le poisson à la mer. Lui et eux participaient de manière si profonde à l’être de l’autre que l’expérience pourrait presque être qualifiée de mystique. Par exemple, il semblait savoir ce que cela faisait d’être un éléphant, un lion, une antilope, une gazelle, un lézard, une souris rayée, une mante, un baobab, un cobra à crête jaune ou une amaryllis étoilée, pout ne mentionnez que quelques-unes des multitudes brillantes dans lesquelles il se déplaçait si habilement. Même enfant, il me semblait que son monde n’avait pas de secrets entre une forme d’être et une autre. »
Faisant écho aux sentiments de Sir Laurens, le philosophe d’origine suisse Jean-Jacques Rousseau a exprimé ce que nous savons tous intuitivement être la vérité lorsqu’il a écrit que « rien n’est plus doux que lui [l’homme] dans son état primitif » et que « l’homme est né libre et partout il est dans les fers ». Si Rousseau n’a jamais utilisé le terme de « noble sauvage », ces citations montrent pourquoi il était associé à ce concept. Le romancier et poète anglais D.H. Lawrence a également reconnu honnêtement l’état d’innocence sensible de notre espèce lorsqu’il a écrit « Car, oh, je sais, dans la poussière où nous avons enseveli / Les peuples du silence et toutes leurs abominations [l’insupportable et confrontante condamnation de leur innocence], Nous avons enseveli une grande part de la délicate magie de la vie ».
Lorsque Sir Laurens a parlé des Bushmen relativement innocents qui semblaient « savoir ce que cela faisait d’être … une souris rayée, une mante, un baobab », cela m’évoque le souvenir intuitif de l’état d’innocence de notre espèce semblable-aux-bonobos du grand romancier russe Fyodor Dostoevsky en 1877—souvenr intuitif où il se remémore : « Les prairies flamboyante de fleurs éclatantes et parfumées. Des oiseaux, par volées venaient traverser l’air et, sans me craindre, ils se posaient sur mes épaules et sur mes mains et me frappaient joyeusement de leurs jolies petites ailes frissonnantes. Et finalement, je vis et je connus les hommes de cette terre heureuse. Ils vinrent vers moi d’eux-mêmes, ils m’entourèrent, ils m’embrassaient. Les enfants du soleil, enfant de leur soleil—qu’ils étaient beaux ! … Leur visage irradiait… une gaieté enfantine sonnait dans les voix et les paroles de ces gens… C’était une terre pas encore souillée par le péché originel, n’y vivaient que des hommes qui n’avaient pas encore péché… Ils ne désiraient rien et ils étaient en repos, ils n’éprouvaient pas cette aspiration à connaître la vie que nous éprouvons nous-mêmes, parce que leur vie était toute plénitude. Mais leur savoir était plus profond et plus haut que celui de notre science…et cela, je le compris, mais je fus incapable de comprendre en quoi leurs connaissances consistaient. Ils me montraient leurs arbres, et j’étais incapable de comprendre le degré d’amour avec lequel ils les regardaient : comme s’ils parlaient avec des êtres qui leur étaient semblables… et je suis convaincu que les arbres les comprenaient. Ainsi regardaient-ils toute la nature—les animaux, qui vivaient avec eux dans la concorde, ne les attaquaient pas et les aimaient, vaincu par leur amour…Il n’y avait entre eux jamais de disputes, jamais de jalousie… car ils composaient tous une seule famille. » Cette description d’être « vaincu par leur amour » ressemble tellement à la description donnée par la chercheuse primatologue Vanessa Woods, qui comme mentionné plus tôt disait que les bonobos « vous aiment avec tel abandon dévoué que vous les aimez en retour. Vous devez les aimer en retour ». Encore une fois, nous voyons à quel point notre mémoire est exacte, si nous ne la renions pas, de ce qu’était la vie « avant la chute ».
Le philosophe russe Nikolai Berdyaev a également reconnu courageusement que « le souvenir du paradis perdu, de l’âge d’or, le désir d’y retourner, la nostalgie du Royaume de Dieu, qui revêt parfois la forme utopique du paradis terrestre, sont profondément ancrés en l’homme. » Il abordait également la vérité sur la cause réelle de la condition humaine quand, en 1931, il écrivit : « On pourrait soutenir que l’homme est un être irrationnel, paradoxal, tragique par principe, dans lequel s’affrontent deux mondes, deux principes extrêmes », et en décrivant ces deux principes, écrivant que « L’âme humaine est dédoublée, en elle sévit un antagonisme torturant d’éléments opposés… la différenciation du conscient et de l’inconscient devint fondamentale pour la nouvelle psychologie ». Oui, cet « antagonisme » est certainement « fondamentale pour la nouvelle psychologie ». Donc Berdyaev a tout identifié—l’instinct étant en guerre avec l’intellect—mais encore une fois, ce qui manque, c’est d’expliquer ce qui, dans « la différenciation du conscient et de l’inconscient », entraine cet « antagonisme torturant ».
Le psychologue allemand Erich Neumann était un autre qui a reconnu la bataille et le fossé entre le moi instinctif « inconscient » non-compréhensif déjà établie, et notre nouveau moi intellectuel « conscient ». Dans son livre de 1949 Origines et Histoire de la Conscience, Neumann écrivait « Alors qu’à l’origine, les opposés pouvaient fonctionner côte à côte sans tension excessive et sans s’exclure, maintenant, avec le développement et l’élaboration de l’opposition entre conscient et inconscient, ils se séparent. C’est-à-dire qu’il n’est plus possible pour un objet d’être aimé et détesté en même temps. L’ego et la conscience s’identifient en principe à un côté de l’opposition et laissent l’autre dans l’inconscient, soit en l’empêchant même de surgir, c’est-à-dire en le supprimant consciemment, soit en le réprimant, c’est-à-dire en l’éliminant de la conscience sans prendre conscience de le faire. Seule une analyse psychologique profonde peut alors découvrir la contre-position inconsciente » [notre traduction]. Oui, quand nous avons détruit le Jardin d’Eden, notre état d’innocence originelle, nous avons eu tellement honte que nous avons « réprim[é] » la conscience de l’existence de cet état d’innocent originelle dans la mesure où presque tout le monde n’en a plus qu’un souvenir instinctif inconscient, de sorte que pour presque tout le monde, « seule une analyse psychologique profonde » peut atteindre cette prise de conscience. Presque tous les humains ont vécu dans un déni effrayé de l’état corrompu de la condition humaine—et le fait est que la pratique d’une telle malhonnêteté extrême a rendu une réflexion honnête et efficace sur la condition humaine impossible. Seule une approche sans déni/aliénation pourrait atteindre toutes les vérités sur la condition humaine qui sont présentées dans ces vidéos/essais—et une telle réflexion sans déni, honnête et efficace ne pourrait être réalisée que par la thérapie « profonde » à laquelle Neumann a fait allusion, ou, dans mon cas, en n’ayant jamais eu à se résigner à bloquer et à nier la vérité sur l’état d’innocence originel de notre espèce. (La Résignation à vivre dans le déni de la condition humaine est expliquée dans l’Essai Freedom 30.) Heureusement, maintenant que notre état corrompu est expliqué et défendu, le déni de celui-ci et toutes les pensées malhonnêtes qui en découlent peuvent prendre fin !
Nous pouvons voir que malgré la description par Neumann du conflit entre l’instinct et l’intellect, la question clé persiste : pourquoi « l’élaboration » du moi « conscient » l’a-t-elle fait « se sépare[r] » du moi instinctif « inconscient » ?
Dans les années 1950, le neurologue américain Paul MacLean a développé sa théorie du “cerveau triunique”, selon laquelle les humains sont une espèce mentalement déséquilibrée en raison d’une coordination inadéquate entre notre ancien cerveau émotionnel et notre nouveau cerveau cognitif. MacLean a proposé que les humains n’aient pas un cerveau mais trois, chacun provenant d’une étape différente de notre histoire évolutive. Il a dit qu’il y avait le cerveau reptilien d’origine interne qui comprend le tronc cérébral et le cervelet, qui, selon lui, tend à être rigide, compulsif et ritualiste, avec l’intention de répéter les mêmes comportements encore et encore. Ensuite, il y a le cerveau “limbique” moyen, qui, a-t-il dit, comprend l’amygdale, l’hypothalamus et l’hippocampe et est proéminent chez les mammifères inférieurs et s’occupe des émotions et des instincts, en particulier les réactions d’alimentation, de combat ou de fuite, ainsi que du comportement sexuel et des soins maternels. Et, troisièmement, il a dit qu’il y a le néocortex ou le cerveau du cortex cérébral externe des mammifères supérieurs, qui s’intéresse par la raison, l’invention et la pensée abstraite. MacLean a déclaré que « les trois formations évolutionnaires pourraient être imaginées comme trois ordinateurs biologiques interconnectés, chacun ayant sa propre intelligence spéciale, sa propre subjectivité, son propre sens du temps et de l’espace, et sa propre mémoire, moteur et autres fonctions. » A cause de l’indépendance entre ces trois cerveaux, MacLean les voyait comme fréquemment dissociés et en conflit, avec le système limbique inférieur qui régit nos jugements de valeur altruistes et nos émotions même capables de détourner les fonctions mentales supérieures quand il le souhaite.
Cependant, MacLean n’a pas expliqué la cause, dans ces différences d’intelligences, de subjectivités, de sens du temps et de l’espace et des souvenirs, provoquant réellement le conflit entre ces deux cerveaux particuliers. (Plus est expliqué sur la théorie de MacLean, et aussi sur les théories des autres penseurs qui sont mentionnées dans cette courte présentation, dans la présentation plus longue de l’Essay F. 53.)
Enfin, au cours des années 1970, le scientifique-philosophe britannique d’origine hongroise Arthur Koestler a identifié les éléments de l’instinct et de l’intellect impliqués dans la condition humaine et a cherché une explication sur la manière dont ils auraient pu produire la condition humaine en se référant au concept de Paul MacLean selon lequel « l’explosion cérébrale [chez les humains] a donné naissance à une espèce mentalement déséquilibrée dans laquelle l’ancien cerveau et le nouveau cerveau, l’émotion et l’intellect, la foi et la raison, étaient en désaccord. » Comme l’a décrit un commentateur, « lors d’une conférence publique, j’ai écouté Arthur Koestler exprimer son opinion selon laquelle l’espèce humaine était folle. Il a affirmé que, en raison d’une coordination inadéquate entre deux zones du cerveau—le néocortex “rationnel” et l’hypothalamus “instinctif”—l’homme avait d’une certaine manière acquis une “séquence unique, meurtrière et délirante” qui le propulsait, inévitablement, au meurtre, à la torture et à la guerre. » Cette reconnaissance que les humains ont un vieux cerveau instinctif et un cerveau cognitif plus récent qui sont « en désaccord » en raison d’une « coordination inadéquate entre » les deux était sur la bonne voie pour expliquer la condition humaine, répondant à la question que MacLean a soulevée sur la manière dont nous avons « d’une certaine manière acquis » notre « séquence unique, meurtrière et délirante »—mais encore une fois, la bonne raison réconciliatrice et salvatrice de la « coordination inadéquate » n’a pas été fournie par MacLean ou Koestler.
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Voici donc quelques-uns des penseurs honnêtes mentionnés dans l’Essai Freedom 53 qui ont reconnu les éléments fondamentaux de l’instinct contre l’intellect impliqués dans la production de notre condition humaine psychologiquement contrarié. Parmi les autres penseurs mentionnés dans l’Essay F. 53, on peut citer Julian Jaynes, Christopher Booker, William Wordsworth, Ralph Waldo Emerson, William Blake, John Milton, Robert A. Johnson et Bruce Chatwin.
À la suite de cette présentation, j’espère que vous, l’auditeur ou le lecteur, avez maintenant une certaine compréhension de la raison pour laquelle nous avons dû utiliser l’excuse des “instincts sauvages”, et conviendrez maintenant que l’explication instinct vs intellect de la condition humaine que j’ai présentée dans la vidéo/essai précédent est en effet l’explication évidente et réelle de la condition humaine. Et s’il s’agit bien là de l’explication réconciliatrice désespérément nécessaire pour la guérison psychologiquement et la transformer de nos vies colériques, égocentriques et aliénées—ce qui est clairement le cas—alors vous, et tout le monde, pouvez bénéficier de cette transformation rêvée de votre vie d’un existence-accablée-par-la-condition-humaine à un fabuleux état sans condition humaine, que Tony Gowing décrit dans la prochaine vidéo/essai (5), et que je décrirai plus en détail dans l’Essai Freedom 15. Oui, le « mal du pays insoutenable à la base du cœur humain » de l’« unité » qui existait « avant l’aube de la conscience individuelle » dont Sir Laurens van der Post a écrit si merveilleusement et honnêtement, peut enfin être « calm[é] ». Le grand poète T.S. Eliot a également résumé avec précision notre épopée humaine de l’ignorance à l’illumination : « Nous ne cesserons pas d’explorer et la fin de toutes nos explorations sera d’arriver là où nous avons commencé et de connaître le lieu pour la première fois. »
(Encore une fois, la source de toutes les citations utilisées dans cette présentation se trouve dans l’Essai Freedom 53, qui est la version complète de cette présentation.)
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L’explication clarifiante et rédemptrice de Jeremy sur la différence entre les instincts et l’intellect est brièvement décrite dans la Vidéo/Essai Freedom 3, et présenté en détail dans les chapitres 3:3 – 3:4 de FREEDOM.
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INTRODUCTION TO THE EXPLANATION & RESOLUTION OF THE HUMAN CONDITION: THE Interview That Solves The Human Condition And Saves The World! | The Great Guilt that causes the Deaf Effect | The Great Transformation: How understanding the human condition actually transforms the human race | Sermon On The Beach | Freedom Essay 1 Your block to the most wonderful of all gifts | 2 The false ‘savage instincts’ excuse | 3 THE EXPLANATION of the human condition | 4 The ‘instinct vs intellect’ explanation is obvious – short | 5 The transformation of the human race | 6 Wonderfully illuminating interview | 7 Praise from Prof. Prosen | 8 “How this ends racism forever” | 9 “This is the real liberation of women” | 10 What exactly is the human condition? | 11 The difficulty of reading FREEDOM and the solution | 12 One hour summarising talk | 13 The WTM Deaf Effect Course | 14 Dishonest biology leads to human extinction | 15 How your life can immediately be transformed | 16 The Shock Of Change | THE BOOKS: 17 Commendations & WTM Centres | 18 FREEDOM chapter synopses | 19 FREEDOM’s significance by Prof. Prosen | 20 The genius of Transform Your Life | THE OTHER KEY BIOLOGICAL EXPLANATIONS: 21 How did we humans acquire our altruistic moral conscience? | 22 Fossil discoveries evidence our nurtured origins | 23 Integrative Meaning or ‘God’ | 24 How did consciousness emerge in humans? | 25 The truthful biology of life | • Survey seeking feedback | MEN & WOMEN RECONCILED: 26 Men and women reconciled | 27 Human sex and relationships explained | THE END OF RACISM: 28 The end of racism | 29 Can conflict ever end? | RESIGNATION: 30 Resignation | 31 Wordsworth’s all-revealing great poem | MORE ON THE TRANSFORMATION: 32 More on the Transformation | 33 Jeremy on how to become transformed | THE END OF POLITICS: 34 This understanding ends the polarised world of politics | 35 Death by Dogma left-wing threat | 36 Saving Western civilisation from left-wing dogma | 37 The meaning of superhero and disaster films | RELIGION DECIPHERED: 38 Noah’s Ark explained | 39 Christ explained | 40 Judgment Day finally explained | 41 Science’s scorn of religion | MEANING OF ART & CULTURE: 42 Cave paintings | 43 Ceremonial masks explained | 44 Art makes the invisible visible | • Second survey seeking feedback | 45 Prophetic songs | 46 Anne Frank’s faith in human goodness fulfilled | 47 Humour and swearing explained | 48 R.D. Laing’s fearless honesty | ABOUT BIOLOGIST JEREMY GRIFFITH: 49 Jeremy’s biography | 50 Australia’s role | 51 Sir Laurens van der Post’s fabulous vision | 52 Jeremy’s children’s book A Perfect Life | 53 The ‘instinct vs intellect’ explanation is obvious – long | 54 The accusation of hubris | DO WE FAIL OR DO WE MAKE IT? 55 Endgame for the human race | 56 Why there have been ferocious attacks on the WTM | 57 Magnificence of the Transformed State – video 1 | 58 Magnificence of the Transformed State – video 2 | MARKETING: 59 Shouldn’t the WTM’s website be toned down? | 60 The crime of ‘ships at sea’ ‘pocketing the win’ | GENERAL DISCUSSIONS BY JEREMY: 61 General Discussion by Jeremy Aug. 2018 | 62 Jeremy’s Masterpiece Presentation Feb. 2019 | HEALTH & HEALING: 63 Pseudo therapy/healing | 64 Real therapy/healing | From here on are Transformation Affirmations and More Good Info Emails
Ces essais ont été créés en 2017-2024 par Jeremy Griffith, Damon Isherwood, Fiona Cullen-Ward, Brony FitzGerald et Lee Jones du Centre WTM de Sydney. L'ensemble du tournage et du montage des vidéos a été réalisé par les membres du WTM de Sydney James Press & Tess Watson en 2017-2024. D'autres membres du Centre WTM de Sydney sont responsables de la distribution et du marketing des vidéos/essais, et de l'assistance aux abonnés. Traduit en français par Lucas Machlein et Sophie Staffaneller.